L’univers des Crèvecoeur

LES THÈMES DU ROMAN  : 

La chaussure féminine :

chaussures 1950 bis

L’univers des souliers est omniprésent à travers toute la saga où la chaussure est explorée sous toutes ses formes. La saga raconte bien entendu la vie de Germain Crèvecoeur, à travers sa passion et son travail de créateur, mais elle explore aussi le parallèle étonnant entre l’évolution de la chaussure à travers l’histoire de la mode et l’évolution des femmes dans l’histoire sociale du 20è siècle. Chacune se réinvente, se libère et s’exprime en même temps, affirmant un même besoin de sortir d’un moule austère souvent dicté par une société à la perspective masculine.

L’histoire des Crèvecoeur croise bien des souliers célèbres, de la fameuse bottine Barrette, au modèle Salomé en passant par les chaussures de l’Hollywood des années 50 et l’arrivée remarquée du talon aiguille. Si les couleurs et les formes changent, le rapport des femmes aux chaussures est, lui, atemporel et ce, quel que soit leur milieu social. La chaussure demeure le véhicule du rêve, la possibilité d’un ailleurs vers lequel il est facile d’aller puisqu’il suffit d’enfiler une paire de chaussures pour devenir quelqu’un d’autre. La chaussure féminine est la grande héroïne de la saga des Crèvecoeur et, à travers elle, s’exprime le désir de toutes les femmes d’être plus libres et fidèles à elles-mêmes.

Dans son besoin de sans cesse se réinventer, Germain Crèvecoeur va aussi redéfinir la fonction de la chaussure féminine en lui donnant un rôle bien particulier, et en y cachant les récits et les secrets de ses clients. Il deviendra ainsi un gardien unique et le protecteur de l’âme des femmes, mais à ses risques et périls …

Le Secret: 

livre à secrets

Le secret sous toutes ses formes est un des thèmes de prédilection de la saga. Qu’il s’agisse du secret d’enfance, du secret d’un amour caché, de celui d’une identité, d’une ambition ou bien encore celui, bien plus dévastateur, du secret de famille, chacun des personnages de l’histoire en ont un. Parfois, ce sont les circonstances historiques de la

guerre qui précipitent la naissance du secret et quel meilleur temps que celui-là pour s’y adonner?  Chez les Crèvecoeur, le culte du secret est une véritable maladie qui finit par avoir des conséquences tragiques sur la descendance, en l’occurrence ici, notre héros
Germain Crèvecoeur.

Le secret se nourrit du mensonge, de l’ombre et du silence et le partager soulage de son poids mais finalement, et presque tragiquement, il perd ainsi de cette poésie qui finalement nous fascine tous. Les amours secrètes d’Édith en sont d’ailleurs un bel exemple… Germain trouvera pourtant dans sa passion pour la chaussure un moyen ingénieux de transformer tous ces secrets, les siens comme ceux des autres, et la douleur qui les accompagne, en une oeuvre d’art qui donnera un tout nouveau sens à son destin. Mais tous les secrets sont-ils bons à mettre dans une boîte ?

L’amour :

Erlemann

Sans amour et sans drames, point de saga! L’amour est donc au coeur des préoccupations de bien des personnages et va déterminer le destin des uns et des autres. On y croisera donc l’amour du travail bien fait, l’amour excessif comme l’amour insuffisant, l’amour que l’on s’interdit d’avoir, l’amour au delà des cultures et des âges, l’amour auquel on ne survit pas, l’amour filial qui étouffe aussi bien qu’il sauve et l’amour qui ressurgit du passé parce qu’il est empreint de bien trop de regrets. Au milieu de ce tourbillon, Germain cherche celle qui lui ouvrira son coeur et qui fera de lui non plus un créateur adoré, mais un homme aimé. Que de baisers échangés et volés chez les Crèvecoeur, où les personnages font tout pour vivre et survivre aux drames qui les entoure, au nom de l’amour !

 

L’Histoire avec un H 

Elle sert de toile de fond à bien des aventures de cette saga et s’acharne à souvent contrer la trajectoires de nos personnages.

La 1ère et 2ème guerres mondiales :

Femme 1914 croix rouge

Lorsque le premier volet des Crèvecoeur s’ouvre, nous sommes en 1914 et la 1ère guerre mondiale vient d’éclater.

Bayeux, comme le roman l’indique, a été directement touchée par la guerre et la petite ville a vu soudain des étrangers envahir ses rues. Le petit Hopital de la Croix Rouge de Bayeux est un ancien couvent qui existe réellement et il semblerait qu’il ait été, en effet, bien rapidement submergé par le nombre de victimes de cette 1ère guerre. Même si techniquement il n’y avait pas d’allemands à Bayeux à ce moment-là et que la section Z est une pure invention de ma part, la guerre était l’occasion idéale d’introduire le personnage d’Hektor et de le mettre dans une chambre close, face à notre douce d’Édith qui ne demandait qu’à se faire aimer…

La guerre, c’est aussi, pour beaucoup de femmes comme Édith, une opportunité unique de sortir de leur rôle traditionnel d’épouse. Elles sont donc utilisées pour l’effort de guerre et on les retrouve dans toutes sortes de corps de métiers pour lesquels elles n’ont pas nécessairement de formation. Mais qu’importe; elles apprennent vite et elles retrouvent grâce au travail un sentiment d’indépendance et de liberté. Ce sont ces circonstances exceptionnelles que sont les guerres qui ont forcé ces mutations sociales et qui ont donné aux femmes la reconnaissance dont elles avaient besoin. Les ouvrières de l’usine Bertram et leur contribution dans la collection des Joséphine en sont un bel exemple.

Zoo Humain

 

L’Exposition coloniale de Paris en 1931

Entre mai et novembre 1931, se tint à Paris l’Exposition Coloniale Internationale. L’espace de quelques mois, la Porte Dorée se vit donc transformée en une sorte de Disneyland des colonies et où, sur 110 hectares, l’on déployait des pavillons tous plus rocambolesques les uns que les autres. C’est bien simple, on promettait au visiteur “le tour du monde en un jour”. Les 8 millions de visiteurs qui s’y rendirent purent donc explorer l’Afrique, la Guadeloupe, Pondichéry, le Maroc, Madagascar ainsi que d’autres pays européens qui avaient leur propre pavillon, le tout rythmé par des spectacles et des feux d’artifices.

Mais ce que l’on donnait surtout à voir, au delà des réalisations architecturales, c’étaient des humains à la peau noire. Exhibés comme du bétail dans des pavillons aux décors reconstitués, ces hommes et ces femmes étaient forcés à se mettre en scène, parfois dans le plus simple appareil, pour le plaisir des visiteurs, nourrissant ainsi les clichés et favorisant le racisme ordinaire.

Expo Coloniale 1931

 

Lorsque Germain Crèvecoeur se rend à l’Exposition, il est loin de s’intéresser à la gloire des colonies françaises. Il cherche l’inspiration et la possibilité d’un voyage vers un ailleurs, au prix d’un ticket de métro. Il y découvrira la magie de la beauté noire, les couleurs et la matières naturelles des accessoires des africaines et les lignes envoûtantes de leurs corps et de leur chevelure. C’est là aussi qu’il rencontrera Ninon, la sénégalaise au sourire ravageur. À travers elle, à travers son exotisme et son érotisme, Germain nourrit son désir d’ailleurs et confronte son art à une autre forme d’esthétisme.

L’utilisation de cet épisode historique était également l’occasion de montrer à quel point la passion de Germain modifiait son regard sur le monde et dictait ses émotions tout en stimulant sa sensualité. C’est ce décalage entre le réel et les besoins de sa passion, ainsi que sa vision sublimée de son environnement, qui rendent à mon avis le personnage de Germain si attachant. Derrière son envie de créer, il y a aussi cette peur de la médiocrité et cette nécessité de faire du monde un endroit qui fait toujours rêver.

 

Drancy et La Rafle du Vel d’Hiv :

rue des rosiers

Dans le 2ème volet des Crèvecoeur, Germain sue retrouve bien malgré lui au coeur d’une des tragédies les plus marquantes de la 2ème guerre mondiale: la chasse aux Juifs orchestrée par les allemands.

L’un des épisodes de cette chasse honteuse fut La Rafle du Vél D’Hiv, le 16 juillet 1942, où 13 152 Juifs seront emportés par la police française, dont plus de 4000 enfants. À peine une centaine d’entre eux reviendront vivants. (voir le lien ci-dessous pour plus de détails) http://antoniamedeiros.com/2015/04/02/lhistoire-dans-la-saga-des-crevecoeur-la-rafle-du-vel-dhiv/). Germain va se retrouver indirectement au coeur de cette rafle et il devra faire face à sa propre conscience lorsque le destin lui donnera l’opportunité de devenir un héros. Mais de ce genre d’héroïsme, Germain ne veut pas…

Beaucoup des juifs parisiens déportés lors de la campagne d’extermination mise en place par l’armée allemande transitaient par la gare de Drancy, une petite ville industrielle aux portes de Paris.  C’est là que les Allemands créent un camp d’internement qui, pendant trois ans, va servir de centre de tri et d’extermination pour 67 000 Juifs. Drancy fut d’ailleurs surnommée l’antichambre de la mort. Mais c’est là aussi que se trouve l’usine Bertram, où travaille Germain, et dans laquelle il crée des collections de chaussures qui fort tourner les têtes des parisiennes. Lorsque l’usine est réquisitionnée par l’armée allemande, Germain voit son destin de nouveau basculer et bien des souvenirs d’enfance remonter.

 

La Libération de Bayeux et le discours du Général de GaulleDe Gaulle

Bayeux fut une des premières villes de France a être libérée, quelques jours après le Débarquement qui eut lieu non loin de la ville sur les plages d’Omaha Beach. Grâce à un heureux concours de circonstances, la ville fut épargnée à temps des bombardements et elle conserve à ce jour le charme et la magie qu’elle avait autrefois. Là encore, Germain se retrouve au bon endroit, au bon moment. Le Général de Gaulle rend visite à Bayeux quelques jours plus tard et il prononce un discours sur la place de la Liberté dans lequel il souligne l’appartenance de la France aux pays alliés et sa foi en un vent de liberté. Germain est parmi la foule et ce qu’il voit autour de lui va changer sa vie et redonner un souffle nouveau à sa carrière. Il n’est pas le héros de la guerre, mais bel et bien le héros de ces dames.

 

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